Dès 1947, Soto s’intéresse à l’art géométrique et construit, concept venu d’Europe et dont il a écho. Il va contribuer à l’éclosion du mouvement cinétique et il partage la recherche de l’immatérialité. Radicalisant de manière systématique la trame comme support, il y superpose différents éléments, (tiges suspendues et mobiles, carrés de métal, ou encore ce qu’il appelle les Tes : petites pièces métalliques en forme de T), qui apparaissent et disparaissent au gré du mouvement du spectateur, laissant entrevoir un espace interstitiel : la vibration, l’oscillation du visible et de l’invisible, du matériel et de l’immatériel.
Le spectateur est au cœur de l’œuvre de Soto. Il invite le spectateur à y pénétrer et à se déplacer, à « être » dans l’œuvre, et percevoir ainsi la « matière–énergie » du monde.
“Autrefois, le spectateur se situait comme un témoin extérieur de la réalité. Aujourd’hui, nous savons bien que l’homme n’est pas d’un côté et le monde de l’autre. Nous ne sommes pas des observateurs mais des parties constituantes d’une réalité que nous savons toute grouillante de forces vives dont beaucoup sont invisibles. Nous sommes dans le monde comme des poissons dans l’eau : sans recul face à la matière-énergie ; DEDANS et non EN FACE : il n’y a plus de spectateurs : il n’y a que des participants.” – Jean Clay, Les Pénétrables de Soto, Robho, n°3, Paris, 1968