Né en 1941, précurseur de l’art conceptuel et figure majeure de la scène artistique internationale, Bernar Venet ne s’est, tout au long de sa carrière, privé d’aucun médium : peinture, dessin, son, sculpture, poésie, film, performance. Son oeuvre polymorphe, célébrée de par le monde, s’étend sur plus de six décennies, et pourtant, rares sont ceux d’entre nous à savoir que la photographie y tient une place à part depuis ses tout débuts à Nice dans les années 60.
Chez Bernar Venet, la photographie est nécessairement conceptuelle et expérimentale. Comment ne pas rappeler que c’est la photographie qui lui permet de fixer sa toute première oeuvre (Performance dans les détritus) en 1961. De ses portraits réalisés par le truchement d’un miroir noir à l’abstraction formelle de sa série Macadam de 1963, en passant par les prises de vue ready-made à caractère plus scientifique, ou encore par ses Photofax ou ses Saturations, Bernar Venet place en effet l’expérimentation au coeur de sa démarche photographique. Mais plus important encore, c’est sa volonté d’inscrire le médium dans une réflexion conceptuelle globale, attachant le principe d’équivalence de son travail photographique au reste de son corpus, qui semble primordiale à la compréhension de son travail.
La photographie de Bernar Venet, qui conjugue le visible et l’à peine perceptible, qui se joue des matières et des reliefs et qui côtoie l’immatériel et l’éphémère, révèle une volonté inépuisable d’explorer les limites d’un médium, de le questionner sans cesse, pour mieux appréhender l’art dont il est sujet. C’est cette pratique de la photographie dite radicale, une pratique en écho à la Photographie Subjective allemande, au New Bahaus américain, ou encore à la Nouvelle Objectivité, qui trouve toute sa place à la galerie.