Je cherche un état d’équilibre, une dynamique des formes et des structures qui combine stabilité et instabilité, harmonie et dysharmonie. Le tableau doit provoquer des perceptions contradictoires en figurant des espaces-point, des traits-surface, des vides-pleins … «une indétermination qui renvoie le spectateur à la conscience de sa propre expérience du visible » (H.Thoby)
Géométrie et couleur sont choisies pour leur valeur d’usage, indépendamment de préférences personnelles. La neutralité du dessin orthogonal et de la peinture appliquée au rouleau crée un environnement anonyme et abstrait, à l’image d’un damier de jeu de dames ou d’échecs.
Le tableau finalisé est une possibilité de circulation parmi d’autres, un espace ouvert, non contraignant pour le regard.
Parfois, des ensembles de 6, 12 ou 20 peintures mettent en évidence le principe de composition par déplacement, permutation ou suppression d’éléments, mais des « entorses au règlement » viennent contrecarrer l’esprit de système. Aucune règle du jeu n’est définitive.
Exposant ses propres principes de mise en ordre pour mieux les renier, cette peinture s’aventure aux limites de sa disparition. A peine cherche t-elle à s’imposer comme œuvre.
Elle échappe à l’éclatement et au désenchantement par sa matérialité : la trame un peu rugueuse et les irrégularités de la toile, la matité sensible des couleurs sont les indices d’une volonté de voir et de donner à voir dans ce monde.